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Pour le fondateur de l’association de victimes d’abus sexuels dans l’Église « Parler et Revivre », invité d’ICI Béarn Bigorre ce mardi 21 octobre, l’abbé de Tarasteix condamné à huit ans de prison pour viols sur mineur par la cour criminelle de Tarbes « s’en tire très bien ».

L’abbé Mercier, abbé de Tarasteix dans les Hautes-Pyrénées, a été condamné pour viols sur mineur à huit ans de prison ferme ce 20 octobre. Une seule série de faits était examinée, les autres étant prescrits. Pour Olivier Savignac, « c’est une injustice criante, car on a des dizaines de personnes victimes et une seule ou quelques-unes seulement reconnues. »

« La justice, avec toutes ces affaires qui sont apparues depuis les années 2000, devrait pouvoir revoir la copie quant à la prescription », estime celui qui avait témoigné lors de la conférence des évêques à Lourdes en 2008, « c’est délicat quand il y a une seule victime isolée, car c’est parole contre parole, mais quand il y a comme dans cette affaire une trentaine de victimes et un système d’échange d’argentil y a un souci. Et je considère que la justice ne se remet pas en question, ne fait pas son travail et ferme les yeux. »

Se délivrer de ce secret-là, sortir du silence, c’est long

Huit ans pour viols sur mineur avec une peine aménageable « c’est très peu » pour Olivier Savignac qui poursuit : « il s’en tire très bien par rapport à ce que cela aurait dû être ». Pour le président de l’association « Parler et Revivre », « cet homme est dans le déni, parle de dérapage et minimise les viols alors que c’est un prédateur qui pendant quatre décennies a agi sur des enfants »« Le fait qu’il soit un homme d’Église attirait à lui des dizaines de personnes et le diocèse de Tarbes, pendant plus de 30 ans, a aussi fermé les yeux  » dénonce Olivier Savignac, rappelant que les premières alertes dataient de 1992, puis 1997. Mais c’est 25 ans après que l’évêque a fait le signalement : « l’Église aurait dû agir bien avant ».

Et il conclut : « quand on sait que la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) a reçu entre 5 et 6.000 témoignages et projette à 330.000 le nombre de victimes, cela veut dire que beaucoup n’ont pas parlé. Il faut que l’Église invite activement les personnes à parler. Se délivrer de ce secret-là, c’est très compliqué, sortir du silence, c’est long »« Les affaires, il y en aura des dizaines et des dizaines, surtout après le scandale de Bétharram », insiste Olivier Savignac.